Abolitionist Alternatives

Dans ce chapitre conclusif, Angela Davis s’attaque à la question centrale : que mettre en place à la place des prisons ? Elle dénonce l’illusion selon laquelle il faudrait trouver une institution équivalente. L’abolitionnisme, pour elle, n’est pas une substitution fonctionnelle, mais une transformation radicale des rapports sociaux.

Elle critique les campagnes partielles, comme l’abolition de la peine de mort, qui tendent à légitimer d’autres formes de peine extrême comme la perpétuité. À l’inverse, Davis propose une constellation d’initiatives : désinstitutionnalisation de la santé mentale, démilitarisation des écoles, politiques de soin communautaires, alternatives à la pénalisation des violences de genre, etc.

Elle appelle également à la décriminalisation des pratiques historiquement ciblées pour contrôler les populations racisées : usage de drogues, travail du sexe, immigration non documentée. Ces stratégies doivent s’inscrire dans un horizon global de redistribution des ressources et de démantèlement des mécanismes de stigmatisation sociale.

Le chapitre se clôt sur l’exemple sud-africain de justice réparatrice : les parents d’Amy Biehl, militante assassinée en 1993, soutiennent la libération de ses meurtriers dans le cadre de la Commission vérité et réconciliation. Ce récit incarne une autre manière de concevoir la justice : non comme vengeance, mais comme responsabilisation partagée.

Pour Davis, l’abolitionnisme n’est pas une fin en soi, mais une boussole politique pour construire un monde où la prison serait devenue impensable — non parce qu’on l’aurait ignorée, mais parce qu’on aurait appris à guérir autrement.