The Prison Industrial Complex

Dans ce chapitre clé, Angela Davis développe une critique du prison industrial complex, qu’elle définit comme un réseau d’intérêts économiques, politiques et idéologiques consolidant l’expansion du système carcéral. Ce complexe repose sur l’alliance entre institutions publiques et acteurs privés, avec la prison comme ressource de profits et outil de gestion néolibérale des inégalités.

Elle montre comment ce modèle transforme l’enfermement en marché : construction de prisons, gestion privatisée, travail carcéral, et criminalisation ciblée des populations racisées. Des entreprises comme Wackenhut (GEO Group) participent directement à cette logique, en construisant et administrant des établissements pénitentiaires à but lucratif.

La prison devient également le support d’un racisme d’État rénové : derrière une rhétorique d’égalité, les institutions pénales ciblent les Noirs, les Latinos, les autochtones, les migrants et les musulmans. Ce phénomène prend une dimension transnationale : Davis analyse l’exportation du modèle carcéral états-unien en Afrique du Sud, en Australie ou au Moyen-Orient.

Enfin, elle interroge la tension centrale entre réforme et abolition : comment améliorer les conditions de vie des détenus sans renforcer l’institution ? Davis insiste sur l’importance d’une stratégie abolitionniste qui articule luttes sociales et critiques structurelles, refusant l’enfermement comme mode légitime de gestion des conflits sociaux.