From 'Half the World' to the Whole World: Journalism as Black Transnational Political Practice
Thèmes centraux
- Journalisme comme pratique politique transnationale noire
- Production intellectuelle diasporique et contre-hégémonique
- Rôle des femmes noires dans la médiation entre luttes locales et internationales
- Média comme outil d’organisation et de résistance
- Politisation de la diaspora noire à travers l’imprimé
Résumé et analyse
Ce chapitre analyse l’usage stratégique que Claudia Jones fait du journalisme comme outil de lutte révolutionnaire. Carole Boyce Davies montre que pour Jones, l’imprimé – qu’il s’agisse du Daily Worker aux États-Unis ou de The West Indian Gazette au Royaume-Uni – est un instrument central de politisation, de mobilisation collective et de circulation des luttes noires diasporiques.
Le titre du chapitre évoque le dépassement des cadres nationaux dans l’élaboration d’une praxis noire internationaliste. Jones inscrit son journalisme dans une géographie de la solidarité et de la lutte, reliant les peuples colonisés et les femmes aux combats globaux contre le capitalisme et l’impérialisme.
Cette pratique journalistique est aussi une praxis de genre : Jones écrit en tant que femme noire diasporique, depuis une position marginalisée, et crée un espace discursif qui donne voix aux femmes noires migrantes, travailleuses, activistes. Le journal devient un vecteur d’organisation communautaire autant qu’un espace de production de savoir insurgé.
En fondant The West Indian Gazette en 1958, Jones conçoit un média qui est aussi un espace contre-public : il rompt avec l’hégémonie blanche des médias dominants et devient une plateforme de visibilité politique, de solidarité diasporique, et d’unité panafricaine. Le journalisme se révèle ainsi comme un levier d’éducation populaire, de critique idéologique, et d’autonomisation collective.
Concepts clés définis, expliqués et historicisés
Pratique politique transnationale noire
🔹 Définition
Désigne une stratégie de lutte qui relie les expériences politiques noires à l’échelle mondiale. Pour Jones, cela implique d’articuler les luttes des Noirs aux États-Unis, en Grande-Bretagne, dans les Caraïbes, en Afrique, etc., par des pratiques concrètes comme le journalisme.
🔹 Contexte historique
Inscrit dans une tradition panafricaine portée par W. E. B. Du Bois, Amy Ashwood Garvey ou George Padmore. Jones actualise cette tradition dans un contexte d’après-guerre, en y ajoutant une perspective marxiste, féministe et médiatique.
🔹 Définition
Utilisation du journalisme comme outil de critique sociale, de construction d’un espace public noir et de mobilisation politique. Pour Jones, écrire est un acte révolutionnaire qui dénonce les injustices et articule les luttes locales à l’ordre impérial global.
🔹 Contexte historique
Depuis le XIXe siècle, la presse noire constitue un espace de lutte contre le racisme et l’oppression (ex. : The North Star de Frederick Douglass). Jones s’inscrit dans cette lignée en y intégrant une analyse de genre et de classe, anticipant les pratiques médiatiques de Race Today ou des Black Panthers.
🔹 Définition
Espace discursif autonome où les personnes noires peuvent produire leurs propres récits, exprimer des revendications, et contester l’hégémonie médiatique dominante. The West Indian Gazette incarne un tel espace selon Jones.
🔹 Contexte historique
Théorisé plus tard par Nancy Fraser ou Catherine Squires, le concept trouve ses racines pratiques dans les journaux militants noirs. Jones incarne une forme pionnière de contre-public fondée sur la parole des femmes noires, les luttes diasporiques, et la presse comme outil de transformation.