Liberation

Dans ce dernier chapitre, Nick Estes propose une synthèse théorique et politique de l’ensemble de l’ouvrage. Il montre que la résistance de Standing Rock ne se limite pas à une victoire ou une défaite dans le cadre d’un projet pétrolier, mais constitue une affirmation de souveraineté profondément enracinée dans l’histoire, la spiritualité et la mémoire collective des nations autochtones.

À Oceti Sakowin, les protecteurs de l’eau ont recréé un monde : conseils communautaires, cérémonies, transmission intergénérationnelle, refus des formes étatiques de gouvernance. Le camp devient un espace d’expérimentation politique, de guérison spirituelle, et de retour à des logiques de vie non extractives. Estes souligne que cette expérience constitue un moment de libération — non au sens juridique ou institutionnel, mais comme rupture avec les régimes coloniaux du temps, de l’espace, de la propriété et de la subjectivité.

Il analyse également la réponse de l’État : criminalisation, usage de drones, de mercenaires, d’armes militaires. Cette violence répressive montre que l’État reconnaît, de fait, le caractère révolutionnaire de l’expérience autochtone. Car ce qui est en jeu à Standing Rock, ce n’est pas seulement un pipeline, mais un ordre du monde.

Le chapitre se clôt sur un horizon de lutte et d’espoir : la libération autochtone n’est pas une promesse abstraite, mais un processus déjà en cours, fondé sur la mémoire, la résistance, et la construction de futurs vivables. Elle appelle à la solidarité des opprimé·e·s, à la réinvention des formes de souveraineté, et à la fin du monde colonial.