LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

Internationalism

Thèmes centraux

  • Alliances entre mouvements autochtones et luttes anticoloniales globales

  • Réseautage politique transnational dans les années 1960–70

  • Criminalisation des solidarités internationales autochtones

  • Réactivation contemporaine de l’internationalisme à Standing Rock

  • Lutte indigène comme résistance globale à l’impérialisme et au capitalisme extractif

Résumé et analyse

Dans ce chapitre, Nick Estes explore les dimensions transnationales du mouvement autochtone radical, en particulier à travers l’action de l’American Indian Movement (AIM) dans les années 1970. Il montre que l’internationalisme n’est pas une inspiration extérieure, mais un prolongement naturel de la lutte autochtone contre l’impérialisme intérieur et mondial. Le AIM établit ainsi des connexions politiques avec la Palestine, le Vietnam, Cuba, les Panthers, et les mouvements africains de libération.

Les peuples autochtones s’identifient comme nations colonisées en lutte pour leur autodétermination, refusant le statut de minorité ou d’exception domestique. En 1977, la Conférence internationale des peuples autochtones à Genève marque une reconnaissance de cette position : les Autochtones se présentent sur la scène mondiale comme des acteurs révolutionnaires à part entière.

Mais cet internationalisme est activement réprimé. Les agences fédérales, notamment le FBI, surveillent et criminalisent ces connexions. L’État assimile les liens entre autochtones et révolutionnaires étrangers à une trahison sécuritaire. Estes parle ici de contre-insurrection mondiale, une logique impériale où les peuples indigènes deviennent des cibles internes de la guerre froide.

Le chapitre se conclut par la réapparition de cette tradition à Standing Rock, où des délégations du monde entier viennent soutenir les protecteurs de l’eau. L’internationalisme y est vécu non comme stratégie extérieure, mais comme continuité politique fondée sur une mémoire partagée de la dépossession et de la résistance.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Internationalisme indigène

🔹 Définition
Ensemble des pratiques, alliances et solidarités transnationales développées par les peuples autochtones pour lutter contre le colonialisme, l’impérialisme et le capitalisme.

🔹 Contexte historique
Développé à partir des années 1960, notamment avec l’AIM. Se manifeste par la participation à des forums internationaux, des échanges avec les luttes du tiers-monde, et une pensée politique globale. Réactivé à Standing Rock dans un contexte de résurgence planétaire des résistances autochtones.

Contre-insurrection mondiale

🔹 Définition
Dispositif impérial visant à empêcher la coordination des luttes révolutionnaires à l’échelle mondiale, en les criminalisant ou en les réprimant militairement.

🔹 Contexte historique
Développé dans le contexte de la guerre froide, ce modèle repose sur la surveillance des mouvements sociaux, l’infiltration, la désinformation. Estes montre que les peuples autochtones, bien qu’intérieurs aux États-Unis, sont traités comme ennemis étrangers.

Autochtonie révolutionnaire

🔹 Définition
Forme d’engagement politique autochtone refusant la folklorisation ou l’ethnicisation culturelle, au profit d’une posture radicalement souveraine, militante et décoloniale.

🔹 Contexte historique
Concept mobilisé par les penseurs du Red Power. Pour Estes, cette autochtonie ne vise pas la reconnaissance libérale, mais la transformation révolutionnaire des structures coloniales et capitalistes.