LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

Siege

Thèmes centraux

  • Militarisation de la répression contre les protecteurs de l’eau

  • Criminalisation des mouvements autochtones de résistance

  • Alliances intertribales et renaissance politique indigène

  • Occupation de Standing Rock comme acte de souveraineté collective

  • Surveillance numérique et violence étatique au service de l’extractivisme

  • Affirmation d’une souveraineté territoriale et cosmologique contre l’État colonial

Résumé et analyse

Ce chapitre retrace le cœur de la mobilisation contre le Dakota Access Pipeline à l’été et à l’automne 2016. Nick Estes décrit l’établissement et la vie du camp d’Oceti Sakowin, centre de convergence des protecteurs de l’eau, qui deviennent le symbole mondial d’une lutte autochtone renouvelée. La mobilisation prend une ampleur inédite, réunissant des milliers de personnes venues de centaines de nations autochtones, mais aussi d’allié·e·s non-indigènes, en solidarité avec la défense des terres sacrées et de l’eau.

Face à cette résistance, l’État déploie une répression militarisée. Estes détaille l’usage de chiens d’attaque, de gaz lacrymogènes, d’armes « non létales » comme les balles en caoutchouc et les grenades assourdissantes. Il analyse la présence de mercenaires issus du secteur privé, comme l’entreprise TigerSwan, ainsi que la collaboration entre les autorités locales, les agences fédérales, et l’industrie pétrolière. L’objectif est clair : déposséder les Sioux de leur territoire et criminaliser leur contestation.

Le chapitre met également en lumière le rôle central de la jeunesse, des femmes et des aîné·e·s dans la structuration du camp. Au-delà de la protestation, Oceti Sakowin devient un espace d’éducation, de guérison, et de réactivation des pratiques culturelles. Les cérémonies spirituelles, les conseils collectifs et la vie communautaire contribuent à construire une souveraineté indigène en actes.

Enfin, Estes souligne que ce siège, loin d’être un simple conflit local, révèle les rouages d’un colonialisme contemporain fondé sur la violence policière, la dépossession territoriale, et la logique extractive. Il s’agit d’une guerre menée contre l’existence même d’un autre monde possible — celui que les protecteurs de l’eau incarnent à Standing Rock.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Protecteurs de l’eau

🔹 Définition
Acteurs et actrices des mobilisations autochtones contre les projets extractifs, qui se définissent comme défenseurs du vivant plutôt que comme manifestants politiques.

🔹 Contexte historique
Ce terme apparaît durant la mobilisation contre le DAPL en 2016, en rupture avec le vocabulaire juridique ou médiatique dominant. Il ancre la lutte dans une responsabilité cosmologique et intergénérationnelle, et affirme un droit d’origine spirituelle à protéger les éléments vitaux.

Militarisation

🔹 Définition
Processus par lequel l’État ou des entreprises ont recours à des dispositifs militaires (armes, stratégies, technologies) pour réprimer les mobilisations civiles.

🔹 Contexte historique
Depuis les années 1990, les mobilisations autochtones aux États-Unis sont de plus en plus confrontées à une réponse militarisée. À Standing Rock, la militarisation atteint un niveau inédit, avec des équipements de guerre, de la surveillance aérienne et numérique, et des tactiques de contre-insurrection empruntées aux conflits étrangers.

Souveraineté autochtone

🔹 Définition
Capacité des nations autochtones à exercer un pouvoir politique, territorial, culturel et spirituel sur leurs propres terres et populations.

🔹 Contexte historique
Ancrée dans des traités historiques et des traditions autochtones, la souveraineté est constamment remise en cause par l’État américain. À Standing Rock, elle est réaffirmée non par des mécanismes juridiques, mais par l’occupation physique et cérémonielle du territoire, dans une logique de réappropriation décoloniale.