LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

Origins

Thèmes centraux

  • Formation de la nation sioux et souveraineté précoloniale

  • Trahisons étatiques et traités brisés dans l’histoire des États-Unis

  • Guerre de Red Cloud et traité de Fort Laramie (1868)

  • Violences coloniales structurelles : expropriation, assimilation, interdiction culturelle

  • Continuité des revendications politiques autochtones à partir de la mémoire historique

Résumé et analyse

Dans ce chapitre, Nick Estes revient sur les fondements historiques de la souveraineté autochtone et montre que les peuples sioux ne sont pas apparus dans la résistance au DAPL, mais sont les héritiers d’une longue histoire politique organisée. Il retrace la formation de la confédération Očhéthi Šakówiŋ, qui précède largement la colonisation, et dont la structure sociale repose sur des alliances diplomatiques, cérémonielles et guerrières.

L’entrée en conflit avec les États-Unis s’intensifie au XIXe siècle, avec les violations répétées des traités. La guerre de Red Cloud (1866–1868) constitue un tournant : les Lakota parviennent à vaincre les troupes américaines, ce qui conduit à la signature du traité de Fort Laramie (1868). Ce traité garantit aux Sioux la souveraineté sur les Black Hills — jusqu’à sa violation en 1874, lorsque l’or y est découvert. La suite est marquée par la guerre, le massacre de Wounded Knee (1890), la répression des cérémonies spirituelles, et l’assujettissement culturel et territorial imposé par des lois comme le Dawes Act.

Estes insiste sur la mémoire historique comme force politique. Les luttes contemporaines, comme Standing Rock, s’inscrivent dans la continuité de cette histoire de résistance. La souveraineté ne dépend pas d’une reconnaissance par l’État américain, mais d’un lien ancestral à la terre, et d’un engagement collectif à maintenir vivantes les structures sociales, spirituelles et politiques autochtones. Le chapitre construit ainsi une contre-histoire puissante de la fondation de l’État américain, vu non comme un progrès démocratique, mais comme un processus de guerre et de dépossession permanente.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Traité de Fort Laramie (1868)

🔹 Définition
Accord signé entre les États-Unis et les Lakota à l’issue de la guerre de Red Cloud, garantissant l’intégrité territoriale des Black Hills et la non-ingérence américaine.

🔹 Contexte historique
Ce traité marque une victoire diplomatique des Lakota. Il est rapidement violé par l’État américain dès 1874, révélant le mépris structurel pour la souveraineté autochtone. Les Black Hills, considérées comme sacrées, deviennent un symbole de la spoliation coloniale et de la résistance.

Dawes Act (1887)

🔹 Définition
Loi fédérale visant à fractionner les terres tribales collectives en parcelles privées, pour forcer l’assimilation des peuples autochtones et faciliter l’appropriation coloniale.

🔹 Contexte historique
Le Dawes Act a conduit à la perte de millions d’hectares de terres indigènes. Il traduit une stratégie coloniale de dissolution des structures communautaires autochtones. Ce dispositif illustre la logique de l’accumulation par dépossession au cœur de l’expansion territoriale américaine.

Mémoire historique autochtone

🔹 Définition
Pratique collective de transmission des récits, des luttes et des savoirs des peuples autochtones à travers les générations, souvent en dehors des formes écrites dominantes.

🔹 Contexte historique
Face à l’effacement organisé par l’histoire officielle, la mémoire indigène repose sur l’oralité, les cérémonies, les récits familiaux et les lieux sacrés. Estes l’intègre comme source première d’analyse politique, capable de contester le récit colonial et de nourrir les luttes contemporaines.