LA PETITE SOCIOTHÈQUE
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Conclusion: A Century of War on the Palestinians

Thèmes centraux

  • Relecture du conflit israélo-palestinien comme guerre coloniale continue
  • Effacement du droit palestinien à l’autodétermination
  • Rôle central des États-Unis dans la guerre contre les Palestiniens
  • Criminalisation de la résistance et inversion des cadres juridiques
  • Crise de la représentation politique palestinienne
  • Nécessité d’un cadre d’analyse anticolonial et internationaliste

Résumé et analyse

Événements historiques marquants

  • 2017 — Washington : Reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les États-Unis.
  • 2018 — Gaza : Répression meurtrière des manifestations de la Marche du retour.
  • 2012–2020 — ONU : Efforts diplomatiques palestiniens pour une reconnaissance étatique hors du cadre d’Oslo.
  • 1917–2017 — Centenaire de la déclaration Balfour : mise en perspective d’un siècle de dépossession.

Dans cette conclusion, Khalidi propose une synthèse des six déclarations de guerre identifiées dans le livre, et réaffirme que le conflit israélo-palestinien n’est pas une guerre nationale ordinaire, mais une guerre coloniale continue menée contre un peuple dépossédé. Il insiste sur la nature systématique de cette guerre : elle vise à effacer l’existence politique des Palestiniens, à nier leur droit à l’autodétermination, et à criminaliser toute forme de résistance.

Le texte met en cause le rôle central des États-Unis, non comme médiateur biaisé mais comme acteur principal de cette guerre. Khalidi cite en exemple la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël en 2017, qui constitue une rupture majeure dans le cadre juridique international, et confirme le soutien américain à l’unilatéralisme israélien. Cette décision parachève une longue histoire de soutien militaire, économique, diplomatique et discursif à l’occupation.

Khalidi analyse également les formes contemporaines de cette guerre : guerre discursive, où l’histoire est réécrite ; guerre juridique, où les résolutions sont vidées de leur contenu ; guerre symbolique, où les Palestiniens sont privés de toute légitimité dans les instances internationales. Il insiste sur la criminalisation de la résistance, notamment à travers l’usage du terme « terrorisme » pour disqualifier toute opposition, y compris non violente.

La conclusion revient aussi sur la crise de la représentation palestinienne. L’OLP est affaiblie, l’Autorité palestinienne délégitimée, et les mouvements populaires désorganisés. Cette fragmentation empêche une stratégie collective face à un projet de dépossession toujours plus sophistiqué. Khalidi appelle à réarticuler la cause palestinienne non autour de négociations biaisées, mais à travers les prismes du droit international, de la justice globale et de l’analyse coloniale.

Il conclut en affirmant que toute solution juste doit reconnaître la nature historique de cette guerre, ses formes multiples et ses soutiens internationaux. Seule une analyse lucide de l’histoire coloniale de la Palestine permet de penser une justice véritable.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Guerre coloniale continue

🔹 Définition
Cette expression désigne la nature multiforme, prolongée et systématique de la guerre menée contre les Palestiniens depuis plus d’un siècle. Khalidi soutient que cette guerre n’est pas un conflit ponctuel mais une offensive ininterrompue, sous des formes variées — militaires, diplomatiques, juridiques — visant à éradiquer toute souveraineté palestinienne.

🔹 Contexte historique
Ce cadre d’analyse puise dans les traditions critiques du colonialisme de peuplement, de la guerre asymétrique et des études postcoloniales. Il s’oppose aux lectures centrées sur la paix ou la symétrie entre deux nationalismes. Il rejoint les travaux de penseurs comme Edward Said, Ilan Pappé ou Joseph Massad.

Criminalisation de la résistance

🔹 Définition
Khalidi désigne par là la stratégie consistant à assimiler toute opposition palestinienne au terrorisme, qu’elle soit armée, civile ou symbolique. Cette criminalisation permet d’invalider politiquement les Palestiniens dans les forums internationaux et justifie la répression à tous les niveaux.

🔹 Contexte historique
Depuis les années 2000, le cadre de la « guerre contre le terrorisme » a été mobilisé contre la résistance palestinienne. Des lois, listes noires, sanctions, campagnes médiatiques ont contribué à isoler les mouvements palestiniens. Cela s’inscrit dans une tendance plus large à la restriction des mobilisations anticoloniales au nom de la sécurité globale.