LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

The Sixth Declaration of War, 2000–2014

Thèmes centraux

  • Répression militarisée de la Seconde Intifada et guerre totale contre la population palestinienne
  • Transformation de l’occupation en régime de siège, d’enfermement et d’apartheid territorial
  • Rupture entre les nouvelles générations résistantes et l’Autorité palestinienne
  • Gaza comme laboratoire sécuritaire pour Israël
  • Usage stratégique du discours antiterroriste après le 11 septembre
  • Délégitimation internationale du droit à la résistance palestinienne

Résumé et analyse

Événements historiques marquants

  • 28 septembre 2000 — Jérusalem : Début de la Seconde Intifada après la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées.
  • 2002 — Cisjordanie : Opération militaire « Rempart » ; siège de Ramallah et du QG d’Arafat.
  • 2002–2004 — Construction du mur de séparation.
  • 2005 — Gaza : Retrait unilatéral israélien et début du blocus.
  • 2006 — Gaza : Victoire du Hamas aux élections législatives.
  • 2007 — Gaza : Rupture Fatah-Hamas ; blocus total du territoire.
  • 2008–2014 — Gaza : Trois guerres successives contre la population civile.

Ce chapitre présente la période 2000–2014 comme une sixième déclaration de guerre contre les Palestiniens, centrée sur la répression militarisée de la Seconde Intifada, la consolidation d’un régime d’enfermement territorial, et la mise en place d’une architecture de guerre permanente. À travers le mur de séparation, le blocus de Gaza et les opérations militaires répétées, Israël déploie une stratégie de contrôle spatial, de punition collective et d’effacement politique.

La Seconde Intifada, amorcée en 2000, est écrasée par des opérations militaires de grande ampleur. Khalidi montre qu’Israël ne répond pas à une insurrection populaire mais traite l’ensemble de la population palestinienne comme une cible militaire. La construction du mur, l’encerclement des villes, et la fragmentation de la Cisjordanie s’inscrivent dans une logique de gouvernement colonial différentiel, combinant siège, surveillance et séparation raciale.

L’émergence du Hamas comme force politique, notamment après sa victoire électorale en 2006, est présentée comme un symptôme de l’échec d’Oslo et de la déconnexion entre la direction de l’AP et les dynamiques sociales sur le terrain. Le blocus de Gaza, imposé dès 2007, transforme le territoire en laboratoire sécuritaire, où Israël teste armes, doctrines de combat urbain et dispositifs de contrôle. Les trois offensives (2008–2009, 2012, 2014) sont analysées comme des guerres asymétriques visant la population civile et ses infrastructures.

Khalidi insiste aussi sur l’instrumentalisation du discours sécuritaire global, en particulier après le 11 septembre. La résistance palestinienne est assimilée au terrorisme, et les revendications nationales sont délégitimées. Les États-Unis et l’Union européenne participent à cette criminalisation, en bloquant les financements, en sanctionnant les ONG, et en soutenant le narratif israélien. Le chapitre souligne enfin que cette phase de guerre n’est pas seulement militaire : elle est aussi discursive, juridique et symbolique, visant à rendre impensable la légitimité politique palestinienne.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Seconde Intifada

🔹 Définition
La Seconde Intifada (2000–2005) désigne un soulèvement palestinien déclenché à Jérusalem après la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées. Elle se distingue de la première par une militarisation plus forte des affrontements et une répression extrêmement violente. Dans le texte, elle incarne une tentative de rupture avec le cadre d’Oslo, rapidement réprimée par une guerre totale contre la population.

🔹 Contexte historique
La Seconde Intifada éclate dans un contexte d’échec des négociations et de frustration face à l’occupation persistante. Elle marque un tournant dans les formes de contrôle israélien et dans la perception internationale de la cause palestinienne. Les conséquences incluent la réoccupation des villes autonomes, la construction du mur et l’isolement croissant de Gaza.

Mur de séparation

🔹 Définition
Le mur de séparation, entamé en 2002, est une barrière de plus de 700 km érigée par Israël, officiellement pour empêcher les attentats. Khalidi le décrit comme un instrument de colonisation et de fragmentation, qui annexe de facto des terres palestiniennes et redéfinit la géographie politique de la Cisjordanie.

🔹 Contexte historique
Condamné par la Cour internationale de Justice en 2004, le mur est largement construit à l’intérieur des territoires occupés. Il est associé à une stratégie de gouvernance néocoloniale et de contrôle racial, liant urbanisme, militarisation et surveillance technologique. Il incarne une forme contemporaine d’apartheid spatial.

Gaza comme laboratoire sécuritaire

🔹 Définition
Ce concept décrit l’usage de la bande de Gaza comme terrain d’expérimentation militaire et politique. Pour Khalidi, les opérations israéliennes visent non seulement à contenir le Hamas, mais aussi à tester des armes, des stratégies de guerre urbaine, et des mécanismes de contrôle qui seront ensuite exportés ou généralisés.

🔹 Contexte historique
Depuis le blocus imposé en 2007, Gaza est soumise à une politique de siège permanent. Les offensives successives ont fait des milliers de morts civils. Des analystes et ONG dénoncent une stratégie de destruction méthodique, visant à désintégrer toute forme de vie collective. Gaza devient une zone d’exception, où les normes du droit international sont systématiquement contournées.