LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

The New American Minority

Thèmes centraux

  • Montée d’une identité blanche politisée aux États-Unis
  • Diversification démographique rapide et projections de perte de majorité blanche d’ici 2043
  • Tensions autour de la redistribution du pouvoir racial et symbolique
  • Reconfiguration des conflits raciaux au-delà du paradigme noir/blanc
  • Transformation des attitudes blanches : du racisme explicite à la conscience de groupe
  • Nécessité de repenser les outils théoriques de la science politique face aux nouvelles formes de mobilisation blanche

Résumé et analyse

Le chapitre s’ouvre sur une citation de Bill Clinton (1998) qui anticipait les effets de la diversification raciale sur la cohésion nationale. Vingt ans plus tard, les Blancs sont déjà minoritaires dans de nombreuses villes et certaines institutions symboliques sont dirigées par des personnalités issues des minorités (Barack Obama, Sonia Sotomayor). Ces évolutions déclenchent des réactions de défense blanche : manifestations, lois migratoires restrictives, rejet du multiculturalisme, rhétorique nationaliste.

Ashley Jardina propose de ne pas réduire ces réactions à un simple racisme. Elle s’appuie sur la psychologie sociale et les théories de l’identité de groupe pour analyser l’affirmation d’une identité blanche comme réaction à une menace statutaire perçue. Cette identité peut être activée sans qu’il y ait haine explicite des minorités : il s’agit d’un attachement au groupe dominant et d’une volonté de préserver les privilèges associés à la blancheur.

Historiquement, l’identité blanche est inscrite dans les fondements de la citoyenneté américaine (Naturalization Act de 1790). Chaque vague migratoire perçue comme non-assimilable (Irlandais, Italiens, Latinos) a suscité des réactions législatives défensives. Après la Seconde Guerre mondiale, le racisme biologique étant disqualifié, la recherche se focalise sur les préjugés implicites des Blancs envers les Noirs, négligeant l’analyse de leur attachement in-group.

Jardina propose de recentrer l’analyse sur cette solidarité blanche, même modérée, qui peut expliquer des préférences politiques spécifiques : soutien à des politiques sociales perçues comme profitant aux Blancs, rejet de l’immigration ou du multiculturalisme non pas par haine, mais par logique de protection du groupe. Cette identité est partagée par 30 à 40 % des Blancs selon ses enquêtes.

Ce chapitre constitue un tournant conceptuel en science politique : il appelle à dépasser les analyses centrées sur l’hostilité raciale et à intégrer la logique défensive d’un groupe dominant confronté à une perte relative de pouvoir.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Identité blanche

🔹 Définition
Sentiment subjectif d’appartenance au groupe racial blanc, mobilisé comme cadre d’interprétation du monde social et politique. Cette identification implique la perception d’un sort commun et d’intérêts partagés avec les autres Blancs. Elle est activée notamment par un sentiment de menace sur le statut collectif du groupe.

🔹 Contexte historique
Longtemps rendue invisible par l’hégémonie blanche, cette identité a été ignorée des sciences sociales. Elle connaît une activation contemporaine liée à la diversification démographique post-1965 et à la projection de perte de majorité blanche d’ici 2043. Jardina en fait un objet empirique distinct du racisme explicite et insiste sur son poids politique croissant.