Épilogue
Thèmes centraux
- L’inachèvement constitutif de la pensée et de la pratique abolitionniste féministe
- Refus de toute clôture ou prescription figée en matière de stratégie
- Importance de la généalogie partielle et située pour honorer les luttes sans les figer
- Appel à une politique du now comme invitation à agir dans l’incertitude et la complexité
- Valorisation du processus collectif, de l’expérimentation, de la réflexivité et de l’autoformation continue
- Nécessité de porter attention au comment de la lutte autant qu’au pourquoi ou au quoi
Résumé et analyse
Dans cet épilogue, les autrices affirment une posture politique de refus : refus de clore, de prescrire, de figer. Loin de proposer un programme ou une méthode définitive, elles revendiquent l’inachèvement comme principe fondateur du féminisme abolitionniste. Ce choix n’est pas un signe de faiblesse, mais l’expression d’une pratique politique anti-autoritaire, en rupture avec les logiques d’expertise, de clôture et de mesure propres aux institutions qu’elles combattent.
Elles insistent sur la fécondité de la tension entre urgence et lenteur, action et réflexion, incertitude et engagement. Le now devient ici une exigence éthique : faire, penser, inventer dans l’instant, non comme renoncement au long terme, mais comme stratégie située. L’abolition féministe est présentée comme une praxis toujours incomplète, toujours en train de se faire, dans l’ouverture à l’expérimentation, à l’erreur, à la contradiction.
Refusant les illusions de clarté, les autrices assument l’ambiguïté, la pluralité et le désordre comme éléments constitutifs d’une politique radicale. Elles proposent une généalogie partielle, située, contestable, justement parce qu’honnête et vivante. Cette généalogie invite à penser l’histoire des luttes comme mémoire active, et non comme patrimoine figé.
Cet épilogue n’est donc pas une conclusion, mais un appel : à la conversation, à la dissension, à la construction commune. À agir sans tout savoir. À désapprendre, à se transformer, à se rendre disponible à l’imprévu. Le now devient un geste : celui d’une politique en mouvement, enracinée dans la solidarité, le soin et la lucidité.
Les autrices rappellent enfin que les germes de cette politique existent déjà : dans les grèves, les luttes pour la terre, les pratiques de soin collectif, les résistances quotidiennes aux violences d’État. L’outil fondamental n’est pas une doctrine, mais une attention renouvelée aux gestes, aux relations, aux traces de luttes passées. C’est cette attention partagée qui rend possible un avenir sans prisons, sans punition, sans hiérarchie des vies.