How Gender Structures the Prison System

Angela Davis explore dans ce chapitre la manière dont le système carcéral est structuré par le genre, en insistant sur les spécificités de l’expérience des femmes incarcérées. Longtemps marginalisées dans les discours critiques sur la prison, les femmes — et en particulier les femmes racisées — subissent une répression genrée, qui ne peut être réduite à une simple sous-catégorie du système masculin.

Elle critique le principe de « parité carcérale », qui vise à aligner les conditions de détention des femmes sur celles des hommes, sous prétexte d’égalité. Cette logique a souvent conduit à une intensification de la répression, via l’introduction de dispositifs punitifs plus stricts (chaînes, unités disciplinaires, etc.) dans les prisons pour femmes. Le féminisme libéral, selon Davis, a parfois renforcé cette tendance en réclamant l’égalité dans les institutions existantes sans en contester la violence structurelle.

Davis met en lumière la sexualisation systémique des prisons féminines : harcèlement, fouilles corporelles abusives, examens médicaux intrusifs, souvent justifiés par des stéréotypes raciaux sur l’hypersexualité des femmes racisées. Ces violences s’inscrivent dans une histoire coloniale plus large, qui fait de la prison un lieu de reproduction de la domination raciale et patriarcale.

En s’appuyant sur des travaux comme ceux de Luana Ross, elle montre que l’incarcération des femmes autochtones, noires ou latinas est inséparable de formes historiques d’exclusion et de violence. La critique féministe radicale rejoint ici la critique abolitionniste : refuser les logiques punitives au nom de l’égalité, et imaginer une justice fondée sur la solidarité, la reconnaissance et la transformation sociale.