LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

Introduction

Thèmes centraux

  • Imbrication entre race, genre et formation du sujet moderne
  • Esclavage racial comme matrice de la sexualité et du genre
  • Critique de l’épistémologie transnormative
  • Usage analytique du concept de « chair » (flesh) pour penser le genre
  • Temporalités disjointes du trans
  • Approche généalogique des identités trans dans une histoire raciale

Résumé et analyse

Résumé conceptuel

L’introduction du livre pose les fondations d’une histoire trans enracinée dans la violence raciale. Contre l’idée d’un sujet trans historiquement désincarné ou neutre, Snorton articule une généalogie du trans à partir des archives de l’esclavage, des pratiques médicales du XIXe siècle, des récits de fugue et des littératures noires. Il montre que la chair noire (flesh), dans sa fongibilité et sa disponibilité à l’exploitation, devient un site analytique central pour comprendre la construction du genre. À partir de l’opérationnalisation médicale de corps noirs captifs et des fictions raciales élaborées au XIXe siècle, Snorton démontre que le genre a été « transité » depuis l’esclavage, c’est-à-dire perpétuellement réassigné, reformulé, reconfiguré sous contrainte.

Analyse théorique

L’auteur s’oppose à une lecture linéaire ou libérale du transgenrisme comme progrès vers la reconnaissance de soi. Il récuse les approches qui ignorent les inscriptions raciales du genre. L’introduction s’inscrit dans les débats ouverts par Saidiya Hartman, Hortense Spillers ou Sylvia Wynter, en intégrant aussi les critiques de la modernité formulées par Frantz Fanon. En soulignant la plasticité du trans, Snorton adopte une perspective critique sur les usages disciplinaires (médicaux, littéraires, politiques) du genre dans les sociétés esclavagistes et post-esclavagistes. Il amorce ainsi une redéfinition de l’histoire trans comme histoire noire, marquée par la violence structurelle, les formes fugitives de subjectivation, et la performativité contrainte.