Intersectionality and Resistant Knowledge Projects
Thèmes centraux
- Intersectionnalité comme projet intellectuel collectif
- Importance des modes de savoirs résistants face aux hégémonies académiques
- Rôle des traditions intellectuelles subalternes
- Circulation transnationale des idées critiques
- Articulation entre mémoire, héritage et production théorique
- Centralité de la production communautaire de savoirs
- Résistance à la dépolitisation institutionnelle de l’intersectionnalité
Résumé et analyse
Ce chapitre explore les fondements épistémologiques de l’intersectionnalité à partir de ce que Collins appelle des resistant knowledge projects. Ces projets désignent des formes de savoir produites collectivement depuis des expériences historiques d’oppression et d’exclusion, et qui s’opposent aux critères dominants de scientificité.
Collins distingue deux conceptions de l’intersectionnalité : celle académique, formalisée dans les institutions, et celle qui prend racine dans les luttes, les familles, les cultures orales et les communautés militantes. C’est à cette dernière que le chapitre donne la priorité. L’intersectionnalité y apparaît comme un héritage de traditions insurgées, où les savoirs ne sont ni anecdotiques ni spontanés, mais rigoureusement construits hors des normes hégémoniques.
Elle examine plusieurs traditions intellectuelles résistantes — afro-américaines, chicanas, diasporiques, autochtones ou queer — qui ont contribué à former un espace alternatif de production théorique. Ces traditions articulent mémoire collective, critique structurelle, et transmission communautaire.
Collins met en garde contre les effets de dépolitisation lorsque l’intersectionnalité est captée par les circuits académiques : elle risque alors de perdre son ancrage dans les pratiques de résistance qui l’ont rendue possible. Le chapitre défend donc la nécessité de maintenir vivantes les filiations insurgées de la pensée intersectionnelle.
Concepts clés définis, expliqués et historicisés
Resistant knowledge projects
🔹 Définition
Formes collectives de production de savoirs issues de groupes subalternes, visant à contester les systèmes de domination.
🔹 Contexte historique
Nés des féminismes noirs, des traditions diasporiques, autochtones et des pédagogies critiques. Ces savoirs échappent aux normes académiques et valorisent l’expérience située.
Mémoire collective
🔹 Définition
Savoirs transmis dans un groupe social par la mémoire, souvent en dehors des institutions officielles.
🔹 Contexte historique
Mobilisée dans les travaux de Paul Gilroy ou Michel-Rolph Trouillot. Elle permet de contester l’effacement des récits subalternes dans les grands récits historiques.
Généalogie insurgée
🔹 Définition
Filiation de pensées construites depuis des positions marginalisées, visant à contester les normes dominantes du savoir.
🔹 Contexte historique
Inspirée de Foucault, des études postcoloniales et féministes. Utilisée pour légitimer des traditions théoriques alternatives au canon académique.
Dépolitisation
🔹 Définition
Processus de neutralisation d’un concept critique par son intégration institutionnelle sans transformation des structures.
🔹 Contexte historique
Thème récurrent dans les critiques des politiques de reconnaissance. Analysé par Nancy Fraser, Sara Ahmed, ou les courants féministes anticapitalistes.