Relationality within Intersectionality
Thèmes centraux
- Définition et exploration du concept de relationalité
- Intersectionnalité comme cadre relationnel et non additionnel
- Remise en question des modèles catégoriels fixes de domination
- Pensée du pouvoir comme relation dynamique et contextuelle
- Importance des connexions transversales entre oppressions
- Articulation entre relationnalité, complexité et praxis
- Potentialité de l’intersectionnalité comme théorie du lien social
Résumé et analyse
Ce chapitre constitue un moment charnière dans l’ouvrage : Patricia Hill Collins y développe le concept de relationalité comme cœur épistémologique et méthodologique de l’intersectionnalité. Elle propose d’abandonner les modèles d’addition de catégories (race + genre + classe) au profit d’une pensée en systèmes co-constitutifs, dans laquelle les formes de domination s’entrelacent.
La relationalité permet de penser les oppressions non comme des entités fixes mais comme des dynamiques interconnectées, historiquement et contextuellement situées. L’intersectionnalité devient ainsi une grille d’analyse fluide, qui privilégie les relations, les conflits, les connexions et les déplacements.
Collins insiste également sur la dimension politique de cette approche. La coalition critique — forme de solidarité non fondée sur l’identité partagée mais sur l’écoute mutuelle des rapports de pouvoir — est rendue possible par une pensée relationnelle. Cette approche appelle à réimaginer le lien social dans une perspective transformatrice.
Enfin, le chapitre replace la relationalité dans une généalogie intellectuelle insurgée, issue des pensées féministes noires, chicanas, autochtones ou diasporiques. Loin d’être un outil académique neutre, la relationalité devient ici une ontologie critique et un mode d’engagement.
Concepts clés définis, expliqués et historicisés
Relationalité
🔹 Définition
Cadre d’analyse qui conçoit les identités, les oppressions et les résistances comme co-construites dans leurs interactions mutuelles.
🔹 Contexte historique
Issu des pensées féministes noires et postcoloniales (Audre Lorde, Gloria Anzaldúa), ce concept rompt avec les approches fixistes ou hiérarchiques.
Pensée en systèmes co-constitutifs
🔹 Définition
Approche selon laquelle les rapports de domination se construisent mutuellement et ne peuvent être isolés.
🔹 Contexte historique
Émergente dans les années 1990 chez Crenshaw, Davis, Collins, elle critique les logiques de hiérarchisation des oppressions.
Coalition critique
🔹 Définition
Forme de solidarité politique fondée sur la reconnaissance des rapports de pouvoir, plutôt que sur l’identité partagée.
🔹 Contexte historique
Développée par Angela Davis, Cherríe Moraga, June Jordan dans le cadre des luttes féministes et antiracistes radicales.
Modèle non additionnel de l’oppression
🔹 Définition
Critique de l’approche qui additionne les oppressions (ex. : sexisme + racisme), sans en voir l’imbrication structurelle.
🔹 Contexte historique
Remis en cause par les féminismes noirs et chicanos dans les années 1980–90 pour sa simplification des réalités vécues.