LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

Carnival and Diaspora: Caribbean Community, Happiness, and Activism

Thèmes centraux

  • Le carnaval comme pratique politique diasporique
  • Communauté caribéenne et luttes antiracistes dans la Grande-Bretagne postcoloniale
  • Articulation entre culture populaire, joie collective et résistance
  • Féminisme noir et infrastructures affectives de la diaspora
  • Redéfinition des formes de l’activisme en contexte migratoire

Résumé et analyse

Ce chapitre montre comment Claudia Jones transforme le carnaval caribéen en outil politique au sein de la diaspora noire britannique. Carole Boyce Davies analyse la manière dont Jones mobilise la fête comme espace de résistance culturelle, de solidarité communautaire et d'affirmation politique face au racisme institutionnel.

Face à la précarité, aux violences policières et à l’exclusion sociale vécues par les migrant·es caribéen·nes dans le Londres des années 1950-60, Jones initie une reconfiguration du carnaval dans l’espace public britannique. Cette relecture politique de la fête populaire donne naissance au carnaval de Notting Hill en 1959.

L’enjeu n’est pas folklorique : il s’agit de créer une politique de la joie. Loin d’être apolitique, la célébration devient ici un levier de dignité, de visibilisation et de construction collective. Le corps, les arts, la musique et la fête participent à une élaboration alternative du vivre-ensemble diasporique.

Le chapitre met en lumière la dimension féministe de cette réinvention : l’organisation culturelle et émotionnelle du carnaval est assurée par des femmes noires, souvent invisibilisées, dont Jones incarne la figure centrale. Elle articule ainsi activisme politique, soins collectifs et stratégies culturelles.

Enfin, Boyce Davies insiste sur la transformation du carnaval en espace de mémoire post-esclavagiste et de contestation de l’ordre impérial. En recréant des pratiques culturelles caribéennes dans un contexte britannique hostile, le carnaval devient un outil de résistance affective et de politisation festive.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Carnaval diasporique

🔹 Définition
Réactivation des traditions carnavalesques caribéennes dans les contextes migratoires, en tant qu’espace de résistance, de visibilité et d’identité collective. Chez Jones, il devient une réponse politique et culturelle à l’invisibilisation des Noir·es britanniques.

🔹 Contexte historique
Issu des sociétés esclavagistes des Caraïbes, le carnaval subvertissait déjà les hiérarchies coloniales. À Londres, dans les années 1950-60, il devient un outil de mobilisation communautaire. Jones initie le carnaval de Notting Hill en 1959, en réponse aux violences raciales.

Communauté diasporique

🔹 Définition
Forme d'organisation collective fondée sur la mémoire, les pratiques culturelles et les solidarités spécifiques des populations migrantes. Claudia Jones contribue à en faire un sujet politique, à travers médias, fêtes et mobilisations.

🔹 Contexte historique
Dans l’après-guerre, les immigrant·es caribéen·nes participent à la reconstruction du Royaume-Uni, tout en subissant un racisme systémique. Les formes d’auto-organisation communautaire, souvent portées par des femmes, sont au cœur des luttes diasporiques noires.

Activisme culturel

🔹 Définition
Engagement politique passant par les pratiques culturelles (arts, médias, rituels). Chez Jones, la culture devient un vecteur de transformation sociale, de politisation et de subjectivation collective.

🔹 Contexte historique
L’activisme culturel émerge dans les luttes noires face aux restrictions de la participation politique formelle. Il est central dans la Harlem Renaissance, le Black Arts Movement ou les mobilisations caribéennes à Londres. Jones y ajoute une dimension féministe, affective et diasporique.