LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

Red Power

Thèmes centraux

  • Naissance d’un mouvement autochtone révolutionnaire dans les années 1960–1970

  • Occupations militantes et affirmation d’une souveraineté indigène active

  • Criminalisation de la dissidence et répression étatique

  • Reconfiguration des identités autochtones dans une perspective internationaliste

  • Lien direct entre les luttes du Red Power et Standing Rock

Résumé et analyse

Ce chapitre retrace l’émergence du mouvement Red Power, qui constitue un tournant radical dans l’histoire des luttes autochtones. Nick Estes montre comment, dans le contexte des politiques fédérales d’urban relocation, des milliers d’Autochtones sont déplacés vers les villes, y rencontrant précarité, racisme et violences policières. C’est dans ces milieux urbains qu’une nouvelle génération, souvent composée de vétérans ou d’étudiant·e·s politisé·e·s, s’organise pour affirmer une souveraineté indigène active.

L’occupation de l’île d’Alcatraz en 1969 marque le début de cette insurrection visible. Elle est suivie par la fondation de l’American Indian Movement (AIM), l’occupation du Bureau des affaires indiennes à Washington (1972), et le siège de Wounded Knee (1973). Ces actions affirment une rupture nette avec les revendications modérées ou juridiques. Le Red Power ne demande pas la reconnaissance : il exerce la souveraineté par l’action directe, la spiritualité, et l’alliance avec les luttes du tiers-monde.

Estes insiste sur l’internationalisme autochtone qui se développe à cette période : des liens se tissent avec les Black Panthers, les révolutionnaires vietnamiens, cubains, palestiniens, africains. Le mouvement est réprimé violemment par l’État : assassinats, emprisonnements, surveillance massive. Leonard Peltier devient la figure emblématique de cette répression.

Enfin, Estes établit une continuité stratégique entre le Red Power et Standing Rock. Ce sont les mêmes tactiques, les mêmes visions, les mêmes ennemis. Le combat pour l’eau, la terre et la souveraineté se rejoue dans un cycle long de luttes intergénérationnelles.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Red Power

🔹 Définition
Mouvement autochtone radical apparu à la fin des années 1960, revendiquant l’autodétermination, la souveraineté territoriale et l’abolition du colonialisme intérieur.

🔹 Contexte historique
Inspiré par les mouvements révolutionnaires mondiaux, le Red Power s’oppose à l’assimilation et aux politiques de pacification. Il pose les bases de la pensée indigène contemporaine, ancrée dans la lutte et la réappropriation.

American Indian Movement (AIM)

🔹 Définition
Organisation militante fondée en 1968 à Minneapolis pour lutter contre la violence policière et les politiques coloniales. Elle devient un acteur central du Red Power.

🔹 Contexte historique
Créé par des militants autochtones urbains, l’AIM mène des actions de rupture, comme les occupations d’Alcatraz et de Wounded Knee. Il subit une répression intense (COINTELPRO, FBI, arrestations, exils). Son héritage perdure à Standing Rock.

Colonialisme de contre-insurrection

🔹 Définition
Stratégie de l’État colonial visant à neutraliser les résistances par la surveillance, l’infiltration, la violence et la guerre psychologique.

🔹 Contexte historique
Déployé massivement dans les années 1970 contre les mouvements autochtones, noirs et révolutionnaires. Repris dans les années 2000–2010 contre les mobilisations écologistes et indigènes, notamment à Standing Rock.