LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

War

Thèmes centraux

  • Guerre coloniale permanente menée contre les peuples autochtones

  • Utilisation stratégique de la violence sexuelle dans les forts militaires

  • Destruction culturelle et dépossession territoriale comme outils de conquête

  • Naissance du capitalisme extractif dans le contexte de l’expansion impériale

  • Continuité entre les forts militaires historiques et les "man camps" contemporains

Résumé et analyse

Dans ce chapitre, Nick Estes explore la guerre comme une forme continue de domination coloniale exercée par les États-Unis à l’encontre des peuples autochtones. Loin d’être une séquence historique close, la guerre est ici comprise comme un régime politique et économique structurant, depuis les conflits du XIXe siècle jusqu’à la construction du Dakota Access Pipeline.

Il décrit en détail les violences militaires exercées contre les nations autochtones, en particulier les Lakota. L’établissement de forts militaires dans les territoires indigènes a servi à sécuriser les routes d’approvisionnement, protéger les intérêts capitalistes, et faciliter l’exploitation des ressources. Mais Estes insiste aussi sur une autre forme de violence : la violence sexuelle systématique, notamment dans les postes de traite, où les femmes autochtones furent la cible de viols, de coercition et de trafic sexuel. Cette violence genrée est une composante centrale du projet colonial.

Le texte met en lumière la fonction du militarisme dans l’organisation du territoire et la soumission des corps. Estes relie directement cette histoire au présent, en montrant que les "man camps", ces installations temporaires autour des chantiers pétroliers, reproduisent les logiques coloniales de prédation sexuelle et de dépossession.

Ce chapitre permet de penser Standing Rock comme le dernier front d’une guerre longue, où les protecteurs de l’eau sont confrontés aux mêmes logiques que leurs ancêtres : militarisation, contrôle des corps, exploitation des terres. La guerre n’est pas un accident, mais une infrastructure du pouvoir colonial.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Man camps

🔹 Définition
Installations temporaires pour travailleurs masculins dans les zones extractives, souvent associées à une augmentation des violences sexuelles, notamment envers les femmes autochtones.

🔹 Contexte historique
Prolongement contemporain des postes militaires et commerciaux coloniaux. Les man camps sont des lieux de criminalité genrée, de consommation rapide et de déracinement, révélateurs du lien entre extractivisme, patriarcat et colonialisme.

Violence sexuelle coloniale

🔹 Définition
Usage stratégique de la violence sexuelle comme outil de domination raciale et politique dans les contextes coloniaux.

🔹 Contexte historique
Documentée dans les forts militaires, les pensionnats et les politiques d’assimilation. Cette violence a produit des effets transgénérationnels sur les communautés autochtones. Estes relie cette dimension à la construction de l’État colonial et à sa persistance contemporaine dans les zones de projet extractif.

Guerre permanente

🔹 Définition
Logique d’affrontement continu menée par les États coloniaux contre les peuples qu’ils dominent, au-delà des conflits armés officiels.

🔹 Contexte historique
Concept hérité des analyses critiques du militarisme (par ex. : Fanon, Wolfe). Chez Estes, il désigne la continuité des formes de dépossession – militaire, juridique, économique – que subissent les nations autochtones depuis le XIXe siècle jusqu’à Standing Rock.