The Fifth Declaration of War, 1987–1995
Thèmes centraux
- Première Intifada comme affirmation populaire de souveraineté
- Transition vers une gestion néocoloniale par l’Autorité palestinienne
- Accords d’Oslo comme mécanisme de containment et non de libération
- Fragmentation du territoire et désintégration du lien national
- Transformation de la résistance en gestion administrative sous tutelle
- Déconnexion croissante entre direction exilée et populations occupées
Résumé et analyse
Événements historiques marquants
- Décembre 1987 — Gaza : Début de la Première Intifada à la suite d’un accident meurtrier impliquant un camion militaire israélien.
- 1988 — Alger : Déclaration d’indépendance de l’État de Palestine par l’OLP.
- 1991 — Madrid : Conférence de paix multilatérale sous parrainage américain.
- 1993 — Oslo : Accords signés entre l’OLP et Israël ; reconnaissance mutuelle.
- 1994 — Cisjordanie : Création de l’Autorité palestinienne (AP).
- 1995 — Assassinat de Yitzhak Rabin ; ralentissement du processus.
Ce chapitre analyse la période 1987–1995 comme une cinquième déclaration de guerre contre le peuple palestinien, en soulignant le renversement paradoxal des formes de domination : après la répression militaire brutale de la Première Intifada, Israël soutient un processus politique — les accords d’Oslo — qui transforme la lutte nationale en gestion administrative fragmentée, neutralisée dans une logique sécuritaire et économique.
La Première Intifada incarne un moment d’auto-affirmation populaire exceptionnel, dans lequel des réseaux locaux, des syndicats, des comités de quartier et des jeunes non affiliés aux grandes structures en exil organisent une résistance de masse contre l’occupation. Khalidi insiste sur la rupture que représente cette insurrection venue d’en bas, contrastant avec l’OLP exilée à Tunis, qui tente de reprendre l’initiative politique dans un contexte post-Guerre du Golfe.
Les accords d’Oslo, loin de constituer un tournant vers la libération, sont décrits par Khalidi comme un piège néocolonial, dans lequel l’Autorité palestinienne est réduite à un organe de gestion administrative sans souveraineté réelle. Le texte souligne que la reconnaissance mutuelle entre l’OLP et Israël n’est pas équivalente : Israël reste une puissance occupante, tandis que l’OLP abandonne le recours à la lutte armée et accepte un processus fondé sur l’asymétrie totale des forces.
Khalidi montre comment cette dynamique produit une fragmentation accrue du territoire palestinien, avec les zones A, B, C, les checkpoints, et l’expansion continue des colonies. L’AP devient dépendante de financements extérieurs, sous contrôle américain et européen, et participe malgré elle à la pacification de la résistance. La guerre contre les Palestiniens se poursuit donc sous une nouvelle forme : par la coopération sécuritaire, la désintégration territoriale, et la délégitimation de toute alternative politique.
Concepts clés définis, expliqués et historicisés
Intifada
🔹 Définition
Le terme Intifada signifie « soulèvement » en arabe. Dans ce chapitre, il désigne la Première Intifada (1987–1991), un mouvement populaire, principalement non armé, organisé depuis la base (comités, syndicats, écoliers, femmes) dans les territoires occupés. Khalidi y voit une affirmation de souveraineté populaire, fondée sur la participation directe et la capacité d’auto-organisation, en rupture avec les cadres politiques traditionnels.
🔹 Contexte historique
L’Intifada éclate à Gaza et s’étend à la Cisjordanie. Elle repose sur des grèves, manifestations, boycott et désobéissance civile, et suscite une répression féroce (plus de 1 000 morts palestiniens). Elle reconfigure l’image du peuple palestinien dans le monde, mais prépare aussi un retour en force de l’OLP à travers la diplomatie. Elle est suivie d’un retour à une logique de négociation qui culmine avec les accords d’Oslo.
Accords d’Oslo
🔹 Définition
Les accords d’Oslo sont une série d’accords signés entre l’OLP et Israël à partir de 1993. Khalidi les décrit comme une architecture de containment, où la reconnaissance israélienne est purement symbolique, tandis que l’Autorité palestinienne est confinée à une autonomie sous supervision. Le cœur du conflit — colonies, Jérusalem, réfugiés — est reporté indéfiniment, et la structure de l’occupation est préservée.
🔹 Contexte historique
Oslo marque le retour de l’OLP sur la scène politique, mais aussi sa dépendance à l’aide extérieure et sa perte de légitimité intérieure. L’échec des négociations suivantes (Camp David 2000) révèle les limites de l’accord initial. Oslo est de plus en plus perçu comme un processus de gestion coloniale indirecte.
Autorité palestinienne (AP)
🔹 Définition
L’Autorité palestinienne est une entité administrative établie par les accords d’Oslo pour gérer certaines zones des territoires occupés. Khalidi la définit comme une souveraineté fictive, sans contrôle sur les frontières, les ressources, ni la sécurité. Elle opère sous surveillance israélienne, et sa légitimité est affaiblie par la coordination sécuritaire imposée.
🔹 Contexte historique
Créée en 1994, l’AP administre les zones A et B de Cisjordanie, tandis que la zone C (60 %) reste sous contrôle israélien. Elle devient un acteur central du dispositif post-Oslo, mais aussi une cible de critiques internes pour sa corruption, son autoritarisme et son rôle dans la stabilisation de l’occupation. Son affaiblissement ouvre la voie à la polarisation entre le Fatah et le Hamas.