A Black Man In The White House
Thèmes centraux
- Rôle de l’identité blanche dans les choix électoraux présidentiels (2012 et 2016)
- Obama perçu comme menace statutaire plus que cible de haine raciale explicite
- Influence de l’identité blanche indépendante du racial resentment
- Donald Trump comme mobilisateur stratégique de l’identité blanche
- Comparaison avec des figures antérieures : Wallace, Nixon, Buchanan
- L’identité blanche comme nouvelle boussole électorale blanche
Résumé et analyse
Ce chapitre démontre que l’identité blanche ne se limite pas à structurer les opinions politiques générales, mais agit comme un facteur déterminant dans les choix électoraux présidentiels, en particulier lors des campagnes de 2012 (Obama vs Romney) et 2016 (Trump vs Clinton).
En 2012, Jardina montre que même après contrôle des variables classiques (parti, idéologie, genre, âge, éducation, économie, racisme implicite), l’attachement à l’identité blanche reste un prédicteur significatif du vote pour Romney. Le rejet d’Obama ne s’explique pas uniquement par du racial resentment, mais par la perception qu’il incarne un changement dans l’ordre racial – une menace statutaire pour le groupe blanc.
Cette opposition ne traduit pas nécessairement un racisme explicite. Elle reflète une inquiétude symbolique face à la perte de centralité du groupe blanc dans la représentation nationale. L’identité blanche fonctionne ici comme un mécanisme défensif, guidant l’opposition à une figure perçue comme altérant l’équilibre racial du pouvoir.
En 2016, Donald Trump devient le candidat qui mobilise le plus efficacement l’identité blanche. En évoquant la protection du groupe, le contrôle migratoire, la défense de la classe ouvrière blanche et une rhétorique anti-élite, il canalise la peur du déclin statutaire sans discours ouvertement raciste. Jardina montre que l’identité blanche prédit le vote pour Trump au-delà des effets du racisme mesuré, ce qui en fait un facteur autonome.
Elle retrace également les continuités historiques avec les campagnes de George Wallace, Richard Nixon ou Pat Buchanan, qui mobilisaient déjà un nationalisme blanc implicite. Mais Trump agit dans un contexte démographique nouveau, où la peur du basculement racialisé est plus intense.
L’identité blanche devient ainsi une heuristique électorale, un filtre à travers lequel les électeurs blancs évaluent les candidats selon leur capacité perçue à défendre les intérêts du groupe. Cette dynamique transforme profondément le paysage politique, en instaurant la race comme ligne structurante du comportement électoral blanc.
Concepts clés définis, expliqués et historicisés
Concepts clés définis, expliqués et historicisés
White identity as vote heuristic (identité blanche comme heuristique électorale)
🔹 Définition
L’identité blanche fonctionne comme un repère cognitif permettant aux électeurs blancs d’évaluer les candidats selon leur compatibilité avec la défense du statut du groupe. Elle guide les choix électoraux au-delà des préférences idéologiques classiques.
🔹 Contexte historique
Ce type de raisonnement groupal avait été analysé chez les minorités raciales et sexuelles. Jardina inverse ici la perspective : dans un contexte de diversification démographique et de polarisation, les Blancs eux aussi utilisent leur identité raciale comme boussole électorale.
Mobilisation stratégique de l’identité blanche
🔹 Définition
Stratégie utilisée par des élites politiques pour activer l’identité blanche sans discours explicitement raciste, en recourant à des formes euphémisées de défense du groupe (langage codé, cadrage culturel, rhétorique du mérite ou de la menace).
🔹 Contexte historique
Cette mobilisation a des précédents avec Wallace (1968), Nixon (1968–72), Buchanan (1992–96). Trump renouvelle cette stratégie en l’adaptant à un contexte où l’identité blanche est plus diffusée et politisée. Jardina montre qu’il parvient à activer la solidarité blanche en évitant le stigmate du racisme explicite.