The Preservation of Whiteness
Thèmes centraux
- Rôle de l’identité blanche dans l’opinion publique américaine contemporaine
- Ciblage politique des identifiants blancs par les élites
- Attitudes à l’égard de l’immigration comme révélateur central de l’attachement racial
- Distinction analytique entre préjugé racial et solidarité raciale blanche
- L’identité blanche comme force politique structurante dans la défense du statut
- Vision stratégique et sélective des politiques publiques selon leur impact perçu sur le groupe blanc
Résumé et analyse
Ce chapitre approfondit l’analyse des conséquences politiques de l’identité blanche, en montrant qu’elle constitue l’un des prédicteurs les plus solides des attitudes envers l’immigration. Ashley Jardina mobilise des données issues d’enquêtes (ANES, YouGov) pour démontrer que les Blancs fortement identifiés à leur groupe racial expriment un soutien marqué à des politiques migratoires restrictives et manifestent une inquiétude face à la perte perçue de domination du groupe blanc.
Au-delà de l’immigration, l’identité blanche structure également les préférences sur des politiques perçues comme profitant à l’in-group blanc : Medicare, Social Security, politiques protectionnistes. L’attachement racial agit comme un filtre d’interprétation des politiques publiques, en fonction de leur impact supposé sur le groupe.
Jardina introduit ici une distinction essentielle entre préjugé racial (hostilité envers l’out-group) et solidarité raciale blanche (attachement à l’in-group). Elle montre que des individus peuvent soutenir des politiques exclusives sans manifester de racisme explicite : leur motivation est la préservation des avantages structurels associés à la blancheur, non la haine de l’autre.
Elle décrit également la stratégie des élites politiques, qui mobilisent cette solidarité blanche sans recourir à un discours ouvertement raciste, en s’appuyant sur la peur du déclin, le mérite ou l’identité nationale. Cela permet de maintenir des inégalités tout en évitant les stigmates associés au racisme.
Enfin, Jardina démontre que l’identité blanche ne se limite pas à un enjeu spécifique. Elle fonctionne comme une ressource politique transversale, orientant les préférences, les votes, les représentations sociales. Loin de disparaître, elle devient un levier central dans les conflits politiques contemporains autour du pouvoir symbolique et matériel des Blancs dans une société de plus en plus plurielle.
Concepts clés définis, expliqués et historicisés
Concepts clés définis, expliqués et historicisés
Identité blanche (II)
🔹 Définition
Attachement subjectif et émotionnel au groupe racial blanc, utilisé comme prisme normatif pour juger les enjeux politiques. Cet attachement oriente les opinions sur l’immigration, la redistribution, ou le commerce en fonction de leur effet perçu sur le groupe blanc.
🔹 Contexte historique
Redéfinie après l’ère Obama et renforcée par la mobilisation autour de Trump, l’identité blanche est désormais analysée comme un facteur structurant du comportement politique. Jardina en démontre la spécificité empirique, distincte du racisme explicite.
Solidarité raciale blanche
🔹 Définition
Disposition à soutenir des politiques et des candidats perçus comme favorables au groupe blanc, indépendamment d’attitudes hostiles envers les autres groupes. Elle repose sur un sentiment de destin commun et une volonté de préserver des avantages structurels.
🔹 Contexte historique
Traditionnellement appliquée aux minorités, la notion de solidarité raciale est ici étendue au groupe dominant. Jardina démontre qu’elle peut se manifester sans discours raciste explicite, et qu’elle est activée dans des contextes électoraux ou sociaux spécifiques.
Préjugé racial vs attachement in-group
🔹 Définition
Le préjugé racial implique un rejet explicite ou implicite de l’out-group, tandis que l’attachement in-group correspond à la valorisation du groupe d’appartenance et à la préférence pour des politiques perçues comme lui étant bénéfiques.
🔹 Contexte historique
Dans les années 1980-2000, les sciences sociales se sont concentrées sur les formes de racisme implicite (ex. : racial resentment). Jardina introduit une distinction analytique entre hostilité et attachement, permettant de mieux saisir les logiques de mobilisation blanche.