LA PETITE SOCIOTHÈQUE
Petites bouchées d'ouvrages militants à partager

Negroes Ain’t Black—But Red!

Thèmes centraux

  • Surveillance étroite des militants noirs par la police et le FBI
  • Utilisation de l’appareil judiciaire pour criminaliser l’organisation politique
  • Représentations racistes du communisme noir comme "péril rouge"
  • Résilience des réseaux militants face à la terreur blanche et à la violence d’État
  • Usage de la musique, des rituels, des sermons comme formes de résistance politique
  • Mémoire collective des luttes et transmission de la culture radicale

Chronologie des événements historiques

  • 1933–1934, Alabama : Arrestations, procès et détentions massives de militants noirs communistes.
  • 1933 : Déploiement d’agents de police infiltrés, violences en prison, usage de la torture.
  • 1934 : Dislocation des structures visibles du SCU, mais persistance de l’organisation souterraine.
  • 1930s–1940s : Construction d’une mémoire locale autour des luttes du SCU.

Résumé et analyse

Dans cette section, Robin D.G. Kelley documente la répression systématique dont sont victimes les militants noirs communistes en Alabama, et les réponses culturelles et organisationnelles qu’ils opposent à cette violence. Les autorités de l’État, à travers la police, le système judiciaire et des milices locales, mènent une campagne de démantèlement du Sharecroppers’ Union et de ses affiliés. L’infiltration, les violences en détention, les procès truqués et la stigmatisation publique du communisme comme menace étrangère permettent de frapper les organisations noires au cœur de leur infrastructure.

Mais Kelley insiste sur la capacité de résistance des communautés organisées : face à la peur, les militants développent des formes de clandestinité, de double discours, et s’appuient sur des traditions culturelles – musique, sermons religieux, récits communautaires – pour maintenir vivante la mémoire de la lutte. Le texte analyse comment les autorités tentent de dissocier racialisation et radicalisme en décrivant les communistes noirs comme "pas vraiment noirs", les identifiant à une autre race – celle du rouge, de l’ennemi intérieur.

L’auteur explore également les limites du langage politique : comment continuer à mobiliser autour d’un projet révolutionnaire lorsque chaque signe d’organisation est réprimé ? Dans ce contexte, la culture devient un moyen de maintenir l’esprit de lutte et d’échapper à la surveillance. Kelley met en évidence la construction d’une mémoire radicale dans les communautés rurales noires d’Alabama, mémoire qui survivra bien après le reflux du militantisme communiste visible.

Concepts clés définis, expliqués et historicisés

Mémoire radicale

🔹 Définition

La mémoire radicale désigne l’ensemble des récits, symboles, pratiques culturelles et souvenirs collectifs qui permettent de transmettre l’histoire des luttes révolutionnaires au sein d’une communauté opprimée, même après leur répression apparente.

🔹 Contexte historique

Ce concept prend forme dans les années 1930 en Alabama à la suite de la destruction des structures visibles du SCU. Malgré la terreur policière et judiciaire, les chants, les récits oraux et les pratiques religieuses codent et perpétuent une mémoire des combats menés, maintenant vivante une culture politique noire et révolutionnaire. On retrouve ce principe dans d’autres contextes de répression, notamment dans les mouvements ouvriers et anticoloniaux.