Organize or Starve!: Communists, Labor, and Antiradical Violence
Thèmes centraux
- Répression anticommuniste dans les campagnes et les villes d’Alabama
- Criminalisation de la mobilisation noire rurale et urbaine
- Usage stratégique de la rumeur, de la presse et de la violence vigilante
- Fragmentation du front noir entre élites respectables et prolétariat militant
- Complicité entre institutions locales et violence extralégale
- Limites et tensions des alliances entre organisations noires (NAACP, Tuskegee) et le Parti communiste
Chronologie des événements historiques
- Juillet 1932, Tallapoosa County : Répression brutale du Sharecroppers’ Union après le massacre de Camp Hill.
- 18 juillet 1932 : Le Birmingham Age-Herald diffuse de fausses informations sur l’arrivée de "rouges noirs" armés.
- 1932–1933 : Renforcement de la répression judiciaire et extrajudiciaire ; destructions de maisons, arrestations, exils forcés.
- 1932 : Intervention de Robert Russa Moton (Tuskegee Institute) et de l’Agricultural Extension Service pour désamorcer l’influence communiste.
- 1932–1933 : La NAACP se distance publiquement du SCU, tout en menant des négociations en coulisses.
Résumé et analyse
Dans cette section, Robin D.G. Kelley décrit la répression féroce qui s’abat sur les militants noirs organisés autour du Sharecroppers’ Union dans les campagnes d’Alabama, mais aussi la manière dont la lutte politique s’enchevêtre avec des dynamiques locales de classe, de respectabilité et de contrôle social. À Tallapoosa County, après les événements de Camp Hill, la violence des milices blanches, appuyée par les forces de police, force des militants comme Mack Coad et Estelle Milner à fuir ou à endurer des agressions graves. Les médias locaux orchestrent la panique en diffusant des récits de bandes armées noires, accentuant la terreur raciale.
Kelley montre comment cette répression est facilitée par des segments des élites noires locales — figures religieuses, enseignants, représentants d’institutions comme le Tuskegee Institute — qui considèrent le communisme comme une menace à l’ordre racial et à la respectabilité de la communauté noire. Des acteurs comme Walter White (NAACP) condamnent publiquement le SCU, tout en poursuivant discrètement une stratégie de préservation de leur influence. Cette situation révèle la ligne de fracture entre un militantisme de masse, ancré dans les luttes matérielles du monde rural noir, et une politique de respectabilité dominée par les élites noires urbaines.
Kelley propose ici une lecture critique des alliances possibles entre le Parti communiste et d’autres institutions noires : celles-ci sont fragiles, traversées de méfiances mutuelles, et souvent brisées par la répression ou par des divergences d’orientation stratégique. Cette section approfondit aussi l’idée que l’antiradicalisme dans le Sud fonctionne à travers un réseau complexe d’acteurs : presse, milices, clergé noir, fonctionnaires agricoles, tous convergent pour contenir la menace d’un soulèvement noir autonome et organisé.
Concepts clés définis, expliqués et historicisés
(Aucun nouveau concept majeur n’est introduit dans cette section. Les concepts de répression, de respectabilité, de violence extralégale et d’organisation clandestine ont déjà été traités dans les sections précédentes. Les occurrences ici en prolongent les usages sans transformation conceptuelle significative.)